Jeudi 23 janvier 2019
Les Collectivités forestières Occitanie, l’association des Communes et Collectivités forestières du Gard et l’association des Maires du Gard ont réunis élus, parlementaires et services de l’Etat, à Saint-Gilles pour trouver les solutions face à la crise de la défense de la forêt contre les incendies. La Préfecture du Gard était présente pour entendre les doléances des maires, qui sont à la fois responsables de la sécurité de leurs administrés et acteurs de la prévention incendie au sein de leur commune.
Face à une situation qui empire en Occitanie…
Chaque année, en Occitanie, près de 12.000 hectares de forêts partent en fumée. Un bilan qui, avec le réchauffement climatique, l’augmentation de la population et de la fréquentation des massifs forestiers, s’alourdit systématiquement. Les incendies de forêts vont se multiplier dans les années à venir. Une crise majeure se dessine.
Or, la région Occitanie est la deuxième région la plus forestière de France, après l’Aquitaine. C’est également une région où l’activité de tourisme est très importante. Ces 2 facteurs, conjugués aux caractéristiques climatiques du territoire, positionne le risque incendie comme un véritable enjeu de sécurité.
Rien que cette année, dans l’Hérault, 1 224 hectares de forêts et de garrigues ont été emportés par les flammes cette année (4 fois plus qu’en 2018). Dans le Gard, le bilan est également dramatique avec près de 1 000 ha calcinés dans plusieurs communes du sud du département. Des incendies d’une ampleur sans précédent dans ce secteur, qui ont couté la vie à un pilote de tracker. Globalement, aucun des 13 départements d’Occitanie n’a été épargné. En particulier, Pyrénées-Orientales, Aude et Haute-Garonne sont régulièrement la cible de catastrophes identiques.
…Nos élus tirent la sonnette d’alarme
Les élus sont inquiets pour l’avenir. En matière d’incendies de forêt, le maire et la commune sont au premier rang pour prévenir le risque. La responsabilité du maire (en tant qu’aménageur du territoire, pour la création et entretien des équipements DFCI, et le contrôle et police en cas d’incident) est engagée en cas de manquement aux mesures de sécurité des biens et des habitants .
Mais, face à l’augmentation des risques incendie et dans un contexte de baisse globale de dotations et de réorganisation des compétences des collectivités, les élus ne sont plus en mesure d’assurer correctement cette sécurité. Les recettes issues de la forêt en zone méditerranéenne, ne suffisent pas à compenser les investissements que la commune doit faire pour garantir le bon état des pistes, réaliser les opérations d’équipement et de contrôle nécessaires et participer au financement des SDIS.
En outre, les élus soulignent leurs manques de formation pour gérer ces risques. Ils souhaitent être associés pleinement aux actions et moyens de prévenir les incendies. Ils regrettent de ne pas être suffisamment consultés, en amont des périodes de crise. Et ce alors qu’ils sont les garants de la réussite des dispositifs de prévention et de lutte mises en œuvre dans les communes. Acteurs de terrain, ils peuvent jouer un rôle déterminant dans la prise en compte des besoins et des spécificités locales.
Dans le Gard, le Président de l’association Collectivités forestières du Gard, la Présidente de l’association des Maires du Gard et le Président de l’association des Maires Ruraux du Gard,ont alerté, il y a plusieurs mois déjà, sur la crise majeure qui risque se dérouler en forêt à cause des incendies et faute de moyens suffisants pour y faire face (>> voir l’article).
A Gilles, une rencontre stratégique élus/parlementaires
Conscients des enjeux, une trentaine d’acteurs publics (pompiers, élus, Députés et Sénateurs, DDT, conseils départementaux) ont donc répondu présents à l’invitation lancée par l’association des Communes forestières, l’association des Maires et Philippe HUPPE (Co-Président du Groupe d’Etudes «Inondations, risques naturels et calamités agricoles» à l’Assemblée nationale), pour une première journée d’échanges « Les élus locaux face à la crise de la Défense Contre les Incendies », le 13 janvier 2020 à Saint-Gilles.
La journée s’est déroulée en 2 temps : matinée sur le terrain (visite du quartier Ventouret) et après-midi en salle.
Les élus ont rappelé qu’il est nécessaire d’avoir une vision à l’échelle de la zone Sud et d’aider les départements les plus pauvres (comme le Gard) pour avoir une véritable politique du risque feu de forêt.
Trois grands axes d’amélioration ont été pointés :
- Simplifier, faciliter et accompagner la mise en oeuvre des OLD pour l’existant ;
- Améliorer et systématiser la prise en compte du risque incendies dans les documents d’urbanisme pour le futur ;
- Communiquer, sensibiliser sur le risque incendies pour créer une véritable culture du feu toute l’année.
Les Collectivités forestières ont présenté la stratégie envisagée pour la prochaine mandature. Cette stratégie se décompose en 2 axes : Repositionner l’élu au centre de la problématique et à chaque étape du dispositif d’intervention (avant, pendant et après l’incendie). L’ensemble des axes présentés ont été validés.
>>> Voir la proposition détaillée DFCI des Collectivités forestières
Philippe HUPPE, a assuré pour sa part que le groupe « Risques Naturels », qu’il co-préside à l’Assemblée nationale, a bien cerné les enjeux et le rôle central de l’élu dans la lutte incendie. Il travaillera, notamment, avec son groupe pour faire évoluer la règlementation afin que la protection des biens et des personnes soit plus simple à mettre en œuvre sur le terrain par les administrés.