Lundi 3 novembre 2025
Les acteurs régionaux de la filière bois énergie se sont retrouvés à la Salvetat-sur-Agoût, pour la 4ème édition de la journée régionale du bois énergie. Discours, stands, échanges et visite d’une scierie furent l’occasion de découvertes et de débats sur les initiatives et les problématiques liées au changement climatique, à la ressource et à la structuration de filières au sein des collectivités locales.
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Francis CROS, président des Collectivités forestières d’Occitanie, a rappelé l’ancienneté et la cohérence de cette action :
« Les Communes forestières accompagnent ce territoire depuis plus de vingt ans. Elles ont permis la mise en place des premiers réseaux de chaleur au bois du Tarn et de l’Hérault ! C’est la concrétisation de ce que nous essayons de faire partout : rapprocher les ressources des besoins. On peut tout chauffer avec le bois, mais l’important est que ce soit avec le bois de nos forêts ! »
Thierry BAIG, directeur régional adjoint de l’ADEME Occitanie, a souligné la convergence de valeurs entre l’agence et les COFOR :
« La gestion durable des forêts est au cœur des missions de l’ADEME. Nous accompagnons les Communes forestières depuis toujours, car nous partageons les valeurs d’intérêt général qu’elles portent. L’OIBE est d’ailleurs un outil de référence pour les partenaires régionaux : il nous fournit des données précieuses sur la ressource et ses usages. »
Pour lui, quel que soit le scénario envisagé pour 2050, « l’approche systémique défendue et expérimentée par les Communes forestières est une nécessité absolue. Le bois énergie représente une véritable opportunité pour les territoires ».
De son côté, Christine BERNOT, conseillère régionale, a mis en avant la dimension historique et territoriale de ces échanges :
« Les liens entre territoires détenteurs d’une ressource et territoires demandeurs existent depuis toujours, notamment autour du bois et des besoins de chauffage. La filière forêt-bois est un formidable levier de développement local, et les Communes forestières y œuvrent chaque jour, en plaçant l’intérêt général et la multifonctionnalité au cœur de leurs actions. »
Deux démarches en région
Oscar CORVI (Département de la Santé des Forêts – Sud-Est) a présenté le réseau d’observation et de diagnostic mobilisé par l’ONF et le CNPF. Il a rappelé que si le dépérissement des peuplements est une réalité, il n’est pas une fatalité. : Il est possible d’agir pour les faire revenir à un bon état de santé mais l’action doit encore se structurer.
Emilie DUFRESNE de l’AREC nous a montré à travers l’Observatoire Régional Climat Energie Occitanie (ORCEO) que pour être région à énergie positive en 2050, il faudra doubler la production et baisser notre consommation de plus d’un tiers. L’Occitanie est la première région française en termes de puits de carbone, dont la capacité augmente étant donné l’accroissement net des surfaces boisées. Le bois énergie a donc un avenir tant par le besoin de production que par la disponibilité de la ressource.
Bois énergie : valorisation, débouché refuge ou impasse pour les forêts fragilisées ?
Le débat a mis en lumière la complexité des enjeux liés au bois énergie, entre valorisation locale, contraintes environnementales et équilibre des usages.
Le bois énergie reste une réelle opportunité de valorisation pour les territoires forestiers, en particulier pour les bois de faible qualité issus d’éclaircies ou de peuplements dégradés. C’est un débouché nécessaire qui contribue à la gestion des forêts, soutient l’économie locale et assure l’autonomie énergétique.
Mais les inquiétudes face au risque de considérer le bois énergie comme un « débouché refuge » existent ; si la ressource est surexploitée ou mal orientée, elle peut fragiliser davantage les écosystèmes forestiers déjà sensibles au changement climatique. La nécessité d’une hiérarchisation claire des usages du bois a été largement partagée, plaçant le bois d’œuvre et le bois d’usage long en priorité, avant la valorisation énergétique.
De plus l’apparition de grands projets industriels, peut remettre cet équilibre en question. Opportunité économique ou risque pour nos forêts, le curseur peut bouger.
Les participants s’accordent sur la nécessité d’une approche territoriale et systémique : le bois énergie ne doit pas être pensé isolément, mais intégré à une stratégie globale de gestion durable des forêts, de sobriété énergétique et de développement local.
Table ronde – “Quelle hiérarchie des usages du bois, à l’aune du changement climatique”
Selon l’ADEME, le contexte est compliqué. La dernière mouture de la Programmation pluriannuelle de l’énergie, réduit l’objectif du bois énergie à 9 TWh. D’autre part les collectivités font souvent face à une contestation du choix de la chaufferie biomasse. Cette source d’énergie devrait passer en dernier parmi les énergies renouvelables et de récupération afin de préserver la ressource. Les vagues d’appels d’offres pour financement ajoutent une problématique de temporalité. Enfin l’électricité coûte aussi moins cher.
Pour autant des perspectives ont été soulevées. Pour certains c’est avant tout la valeur économique du produit qui hiérarchise son usage. Plusieurs structures appellent à, voire entament une structuration de filière pour la ressource extra-forestières : haies bocagères, OLD… Enfin d’autres arguments existent : les prix sont stables, bien isoler réduit les coûts, la filière favorise l’économie locale.
Visite de la zone d’activité de Camp del Tour – l’ancrage d’une filière territoriale
La journée s’est terminée par la visite de la zone d’activité de Camp del Tour sur le territoire de la Salvetat-sur-Agoût. Portée par la Communauté de communes du Haut Languedoc, elle abrite aujourd’hui les locaux de l’unité territoriale de l’ONF et la scierie Camp del Tour qui valorise le bois local en bois d’œuvre et en plaquettes forestières.
Nous avons retracé les étapes de ce projet à long terme d’accueil d’activités forestières. « C’est une véritable valeur ajoutée » selon Francis CROS, Président de la Communauté de communes.
« La filière bois local est une démarche de fond : elle soutient des emplois non délocalisables, génère des revenus pour le territoire et contribue à enrayer la perte d’habitants en milieu rural. »
Entre retours d’expériences, données régionales, débats et visites de terrain, cette 4ᵉ édition de la JRBE confirme la maturité et la vitalité de la filière bois énergie en Occitanie.
Une filière qui, loin d’être figée, s’adapte, innove et s’ancre dans les territoires, au service d’une transition énergétique cohérente et durable
Rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle édition !









Contact :
Léa FABRE | lea.fabre@communesforestieres.org | 06 18 26 38 15


